Pour une « littératie sexuelle »?

La question de l’hypersexualisation des jeunes filles a fait couler beaucoup d’encre « virtuelle », dans les blogues étudiants et dans le mien, au cours des dernières semaines. En me promenant sur cyberpresse récemment, je suis tombé sur cet article, qui date du 1er septembre dernier, et qui m’a fait réfléchir à un phénomène parallèle à cette question plus générale, à savoir le manque flagrant de « littératie sexuelle » chez les jeunes aujourd’hui.

Plusieurs penseurs proposent le développement d’une meilleure littératie médiatique pour contrer les effets négatifs de la sexualisation omniprésente dans la culture visuelle populaire. En effet, il serait difficile de nier que les jeunes d’aujourd’hui sont très pauvrement équipés pour faire face à la panoplie d’images qui les assaillent, dont plusieurs sont à connotation sexuelle et/ou pornographisante. À mes yeux, si la littératie médiatique désigne la capacité à recevoir, analyser et questionner les messages médiatiques qui nous parviennent, la « littératie sexuelle » se veut la capacité à recevoir, analyser et questionner ces messages sexuels, extrêmement communs dans notre culture actuelle

Le paradoxe (stupéfiant selon moi), c’est qu’au moment même où on devrait se demander comment nous pourrions mieux outiller nos jeunes pour faire face à ces images et aux stéréotypes restrictifs qui s’en dégagent, notre gouvernement maintient la décision fort douteuse d’abolir les cours d’éducation sexuelle du cursus scolaire. En effet, les cours d’éducation sexuelle (les fameux cours de FPS) ont été retirés en 2001; on avait demandé alors aux enseignants des autres matières d’assurer l’éducation sexuelle à travers leurs enseignements, une demande farfelue pour le moins.

Maintenant, presque 10 ans après cette décision absurde, les effets commencent à se faire ressentir. Mais au-delà des problèmes de santé fort prévisibles découlant de ce manque d’éducation sexuelle (problèmes très clairement énumérés dans l’article cité), je crois qu’il y a lieu de se demander si les comportements sexuels troublants observés chez les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas directement liés à leur incapacité de remettre en question et de critiquer les images sexualisantes qui leur parviennent. Ces images deviennent dès lors un modèle identificatoire fort problématique. Les jeunes sont maintenant laissés à eux-mêmes dans leur apprentissage de la sexualité, et dans ce contexte il est loin d’être évident de leur assurer un développement sain et respectueux de la sexualité.

Dans cette optique, mon questionnement est fort simple: l’absence d’une éducation sexuelle chez les jeunes se traduit-elle par une adhésion aveugle des jeunes aux stéréotypes sexuels véhiculés dans les médias? Le manque de « littératie sexuelle » a-t-il un rôle à jouer dans le phénomène plus élargi de l’hypersexualisation des jeunes filles par le biais de ces stéréotypes culturels et médiatiques, qui ne sont jamais questionnés? C’est ce que semble suggérer la documentariste Sophie Bissonnette dans le film Sexy Inc., et plus récemment dans le film Être ou paraître, qui est présentement à l’affiche.

Chers étudiants, j’aimerais vous lire sur cette question…

A propos The Prof

Un professeur de communication et de cinéma qui s'initie au merveilleux monde du blogue pédagogique dans le cadre de plusieurs de ses cours.
Cet article a été publié dans Culture générale, Féminisme, Littératie médiatique. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

3 commentaires pour Pour une « littératie sexuelle »?

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